Dans l’exposition, on attira particulièrement l’attention des visiteurs sur les leviers de prévention suivants :

 

1. Les dépistages

La fonction du dépistage est de chercher une maladie avant qu’elle ne donne de symptômes. Le dépistage s’adresse donc à une population en grande majorité non malade. Seule une partie des cancers est accessible au dépistage. Le dépistage collectif est intéressant à condition qu’on possède des traitements plus efficaces pour combattre la maladie quand elle est dépistée précocement. Il existe des dépistages individuels, réalisés à la demande des personnes ou prescrite par leur médecin) et des dépistages collectifs faisant l’objet d’un programme national. Les trois grands programmes de dépistage organisés en France sont : le sein, le colon, le col de l’utérus. Caroline Robert, professeur de médecine et chef du service de Dermatologie à Gustave Roussy, insiste sur l’importance de rendre les personnes plus « responsables » en leur faisant réaliser qu’elles peuvent être actrices dans le dépistage de certains cancers. À ce titre, on peut citer également l’exemple du mélanome et la nécessité de surveiller l’évolution de ses grains de beauté.

 

2. La réduction du tabac

Le tabac est la première cause de cancer en France.

Catherine Hill, épidémiologiste à Gustave Roussy indique que le tabac tue la moitié de ses consommateurs réguliers. Elle met en avant une donnée scientifique essentielle à transmettre à nos visiteurs : la durée (le temps passé en tant que fumeur) augmente davantage le risque de développer un cancer que la dose (le nombre de cigarettes fumées pendant cette période). « Le risque de cancer de poumon augmente proportionnellement à la dose mais également par rapport à la durée à la puissance 4 ou 5. Si vous doublez la dose, vous doublez le risque, si vous doublez la durée, vous multipliez le risque à peu près par 20. » Ces chiffres montrent explicitement pourquoi il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer.

Catherine Hill explique que la mortalité due au tabac a augmenté dramatiquement chez les femmes. « Autrefois 75 % des hommes fumaient, dans toutes les classes d’âge, maintenant c’est plutôt 30 %. La consommation des hommes a beaucoup baissé et la mortalité par cancer du poumon - et la mortalité attribuable au tabac en général - a baissé chez les hommes. Mais malheureusement, chez les femmes, se passe un phénomène tout à fait différent. Les femmes entrées en masse dans le tabagisme dans les années post 1968 commencent à vieillir et au fur et à mesure qu’elles vieillissent, elles entrent dans des âges où les effets du tabac deviennent vraiment catastrophiques. On va voir encore la mortalité due au tabac augmenter chez les femmes. J’étudie la fréquence des cancers en France et aucun cancer n’augmente autant que la mortalité par cancer du poumon chez les femmes. ».

Par ailleurs, le tabac a une incidence sur d’autres cancers que celui qui touche les poumons : les cancers ORL mais également le cancer de la vessie, celui du côlon ou celui du col de l’utérus (dans ce dernier cas, les fumeuses ont plus de mal à éliminer le HPV).

 

3. La réduction de la consommation d’alcool

L’alcool est la deuxième cause de cancer en France. Sa consommation, même modérée, augmente le risque de développer des cancers ORL, cancer du sein, du foie, de l’estomac ainsi que le risque de développer une maladie cardio-vasculaire. L’INCa signale que le risque pour le cancer du sein augmente dès une consommation de moins d’un verre par jour (alors qu’il apparaît, pour l’exemple du cancer du foie, à partir d’une consommation supérieure à 4 verres par jour).

Aujourd’hui encore, le risque associé à la consommation d’alcool est largement sous-estimé dans la population française. L’INCa indique que seuls 58,4 % des Français considèrent qu’une consommation modérée d’alcool augmente le risque de développer un cancer. L’exposition insistera donc particulièrement sur son caractère cancérigène.

 

4. Le rôle de l’alimentation

La prévention du cancer par la nutrition ne peut se résumer à un aliment miracle. Il s’agit d’équilibrer globalement ses consommations, en privilégiant ce qui protège et en réduisant ce qui peut contribuer à l’apparition d’un cancer.

Une alimentation riche en aliments d’origine végétal (fruits, légumes mais aussi céréales complètes et légumes secs comme les pois chiches, lentilles, haricots rouges) est préconisée. En effet, une consommation d’aliments riches en fibres est associée à une diminution du risque de cancer colorectal. De manière générale, les fruits et les légumes permettent de prévenir la survenue des cancers aérodigestifs (bouche, pharynx, larynx, nasopharynx, œsophage, poumon, estomac et côlon-rectum). Selon l’INCa, seuls 13 % des adultes consomment les 25 g de fibres par jour minimum recommandé.

On sait aujourd’hui que la viande rouge et la charcuterie augmentent le risque de développer un cancer colorectal et on les suspecte également d’être impliqués dans la survenue d’autres cancer comme celui du sein.

Par ailleurs, il est prouvé que les modes de cuissons utilisant des hautes température ou exposant les aliments au feu (fritures, grillades, barbecue) génèrent des substances cancérigènes comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques.

 

5. Le rôle de l’activité sportive

L’effet de l’exercice physique et de la pratique d’un sport allonge l’espérance de vie de 6 ans en moyenne chez les actifs et sportifs grâce à la diminution d’apparition du nombre de la survenue de maladies chroniques dont les cancers.

Comme le pointe l’INCa, une activité physique régulière (30 minutes environ 3 fois par semaine) est associée à une diminution du risque de cancer du côlon, du sein et de l’endomètre. Thierry Philip, président de l’institut Curie explique que la pratique d’une activité physique pendant la maladie augmente également les chances de survie, comme cela a notamment été démontré pour le cancer du sein.

Comment l’activité physique nous protège-t-elle ? Principalement en impactant les taux de certaines hormones, en améliorant notre immunité et en réduisant le surpoids. Elle participe également à réduire le risque de cancer du côlon en accélérant le transit intestinal (ce qui réduit le temps d’exposition de la muqueuse digestive aux cancérogènes présents dans notre alimentation).

 

6. Les dangers de l’exposition aux UV

L’exposition aux UVA et UVB peut provoquer des cancers de deux types : les carcinomes cutanés ayant l’aspect de petits boutons ou de croûtes blanches (cancers cutanés fréquents se soignant bien) et les mélanomes cutanés qui ressemblent à des grains de beauté avec une forme ou une couleur anormale (cancers beaucoup plus graves pouvant rapidement métastaser).

Selon le CIRC, plus de 80 % des cancers de la peau sont dus à une exposition excessive au soleil.

Il est donc primordial de se protéger du soleil (même quand on est mat de peau ou déjà bronzé) et d’éviter absolument les séances d’UV dans les cabines de bronzage.

Il est recommandé de faire examiner ses grains de beauté par un dermatologue, au moins une fois par an, afin de dépister ces cancers le plus tôt possible.