Outre la présentation des différents leviers de prévention, on abordera également dans l’exposition des questions de sociologie de la santé à travers l’interview d’un chercheur interrogé sur le sujet des inégalités sociales en matière d’accès à la prévention.

 

En effet, malgré les mesures mises en places par les gouvernements successifs, il reste de profondes inégalités sociales face au dépistage et à la prévention. On note ainsi un taux d’incidence plus élevé de certains cancers parmi les catégories professionnelles moins favorisées (notamment du cancer du col de l’utérus pour la femme et des cancers du poumon ou ORL pour l’homme).

 

Parmi les facteurs ayant un impact sur la survenue des cancers, on peut évoquer :

  • la plus grande persistance des comportements à risque parmi les classes populaires. Fait marquant, le taux de personnes fumeuses est trois fois moins élevé chez les personnes titulaires d’un baccalauréat et plus. Plusieurs déterminants sociaux peuvent expliquer ces écarts de comportement. Parmi eux, le fait que le tabagisme et la consommation d’alcool font souvent office de réponse à un malaise social, comme le confirment plusieurs études révélant les liens entre chômage et consommation d’alcool. Ou encore le fait que l’arrêt de l’alcool ou du tabagisme passe plus facilement au second plan lorsque d’autres épreuves majeures émaillent le quotidien (il est moins évident de rêver à un meilleur « demain » quand on consacre son énergie à lutter pour un meilleur « aujourd’hui ») ;

  • l’accès plus limité à l’information concernant les dépistages (connaissance des dépistages mais aussi de l’âge, de la fréquence auxquels les pratiquer et des symptômes à considérer comme inquiétants). À titre d’exemple, citons la vaccination des jeunes filles contre le papillomavirus plus largement effectuée dans les familles de CSP + ;

  • l’accès plus limité aux structures de soins dans certains quartiers ou régions ;

  • la prévalence de l’obésité dans les populations défavorisées ;

  • « l’incorporation biologique » chez les personnes victimes de violences/haut niveau de stress. De récentes études commencent à objectiver le principe « d’incorporation biologique », mettant en évidence le fait qu’un environnement socio-économique défavorable pourrait influencer le développement de maladies à l’âge adulte en modifiant les systèmes biologiques.