Dans la galerie des Croisillons, tout au fond de la grotte, l'argile au sol a conservé intactes de nombreuses traces de pas et, en particulier, les seules empreintes de pas humains de toute la grotte Chauvet. On y trouve également de nombreuses empreintes de loup. Ce secteur est donc un lieu très propice à l’étude de l’interaction humain/animal. Imprimées dans l’argile, ces empreintes dévoilent les cheminements de ces êtres, passés par là il y plus de 30 000 ans.
Comment reconstituer ces cheminements ? Ce travail commence avec l’acquisition d’images photogrammétriques du sol et avec la reconstitution 3D du secteur. Sur cette image, chaque empreinte fait l’objet d’une identification individuelle. Peut-on l’attribuer à un être humain ? à un loup ? est-elle ambigüe ? complète ou parcellaire ? quelle est son orientation ? Peut-on déterminer de quelle patte il s’agit (patte avant, arrière, droite ou gauche) ?
Ces études aident à caractériser l’allure (marche, trot ou galop) et à reconstituer un cheminement probable.
Quatre cheminements humains et deux de loups ont pu être isolés. Ces pistes semblent être celles d’individus qui marchent côte à côte. Le loup et l’homme sont-ils venus séparément ou ensemble ? Un loup a-t-il marché à côté d’un humain ? Ces empreintes de loup dans une partie reculée de la grotte sont étonnantes, car les connaissances sur le comportement des loups indiquent que cet animal n'a pas tendance à s’aventurer spontanément aussi loin dans un lieu comportant autant de trace de son antagoniste : l’Ours des cavernes. Des questions se posent alors : est-ce que ce loup accompagnait les humains ? Est-ce qu’ils se faisait accompagner d’un loup pour s’assurer de détecter la présence éventuelle d’un ours ? Elles sont les prémisses d’une recherche qui débute. Rien aujourd’hui ne permet de donner des réponses positives ou négatives à ces questions…