Les chercheurs ne peuvent pas cheminer où ils veulent. Ils sont contraints de le faire sur les passerelles. Cela empêche de voir et d’observer de près un grand nombre de vestiges ou de lieux. L’acquisition numérique est donc d’un grand secours pour accéder aux détails invisibles à distance. Elle consiste à effectuer des prises de vues multiples de la grotte afin de pouvoir reconstituer des images en trois dimensions.
Depuis 2018, une numérisation 3D de haute définition est en cours en vue de créer un modèle général géoréférencé. Chaque campagne de recherche en mars permet de compléter ces acquisitions. Les zones à traiter en priorité sont définies par les scientifiques de l’équipe de recherche. Leur choix dépend des sujets d’intérêt ou bien des conditions dans les salles (notamment la salle du Fond dont le taux de CO2 compromet l’accès dans un futur proche). Au cours de la campagne de mars 2022, 27 487 images ont ainsi été réalisées.
Pour numériser un volume en 3D, il faut réaliser des prises de vue nombreuses suivant différentes orientations. Quand la distance à la passerelle est grande, cela exige d’avoir recours à des perches. L’activité devient alors très physique puisqu’il faut réaliser ces prises de vue en bougeant le moins possible au moment de l’acquisition. Les perches peuvent atteindre jusqu’à 9 mètres. La portée et le poids sont alors considérables avec un tel bras de levier.
L’acquisition des images se fait « en continu » : les prises de vue se déclenchent automatiquement toutes les cinq secondes : ainsi, le scientifique doit décaler légèrement l’appareil pour la prise de vue suivante. Avec l’habitude, Thomas Sagory et Antoine Laurent peuvent faire des acquisitions continues de 15 minutes. Ils « balaient » toute une zone du plus loin au plus proche, en diminuant peu à peu la longueur de la perche télescopique, dans l’intervalle de temps (5 s) entre deux prises de vues. Pour garantir la netteté des images, ils coupent leur respiration au moment de la prise de vue. Afin de calibrer échelles et dimensions, une mire est placée dans le champ couvert par les photographies d’une zone. De plus, pour l’étalonnage des couleurs, les chercheurs utilisent une charte colorée : la première photo est celle de cette charte, dans les conditions de la prise de vue.