Pratiques et usages de la danse
Par Laura Capelle et Fanny Delmas
Tout ce que les êtres humains veulent exprimer, ils le racontent aussi par la danse. Le spectacle en est une manifestation : des cultures très variées ont développé des danses destinées à être présentées à un public, sur scène ou non, de la pantomime romaine à l’odissi ou au kathak en Inde, en passant par la danse classique occidentale.
La limite entre spectacle et pratique sociale peut toutefois être poreuse. Des bals de village aux battles hip-hop, des rituels religieux aux dance floors, on danse pour célébrer la vie, ses joies comme ses douleurs. Sauter dans un fest-noz breton, marcher autrement en danse-thérapie, fêter collectivement les morts comme lors du famadihana à Madagascar, tournoyer parmi les derviches : le mouvement relie à soi, aux autres et au monde.
Des revendications politiques peuvent aussi transparaître par le corps. Les révolutionnaires de 1789 avaient leurs propres danses ; plus récemment, le krump est né dans les banlieues défavorisées de Los Angeles en résistance à la violence, et le voguing a d’abord été un espace d’expression pour les minorités raciales et sexuelles à New York. Lors du printemps arabe, les jeunes de Tunis, de Damas ou du Caire ont laissé cours à leur désir de liberté en dansant dans la rue. Danser pour s’exprimer, c’est aussi parfois danser pour changer le monde.