Messages et objectifs principaux

  • Rendre lisible, mettre en scène, ce concept abstrait et contre-intuitif, sur un ton à la fois drôle et grave.

  • L’approche souhaitée n’est pas didactique mais, en cohérence avec le parti pris de l’exposition, propose une vision globale et intuitive de ce paradoxe.

Propos

Ce phénomène connu et documenté depuis longtemps, reste peu connu du grand public et souvent « oublié » tant des décisions individuelles que des choix politiques. Énoncé par l'économiste et logicien britannique William Stanley Jevons (1835-1882) et repris par la suite par d’autres observateurs, c’est un concept abstrait, très contre-intuitif, qui ne s’est pourtant jamais démenti.

L’effet rebond renvoie à l’adage « l’enfer est pavé de bonnes intentions » : on pense mettre en place une nouvelle règle ou une nouvelle technologie pour contrer des effets délétères et ce n’est qu’a posteriori qu’on découvre les effets délétères de cette nouvelle règle ou de cette nouvelle technologie…

Ce paradoxe, identifié clairement par Jevons en 1865 dans l’ouvrage Sur la question du charbon, concerne tout aussi bien l’économie du charbon de l’époque de James Watt que la diffusion de masse des ampoules LED ou les solutions technologiques proposées au nom d’une « éco-efficience ».

Jevons a montré comment le remplacement de la machine à vapeur de Newcomen par celle de Watt, plus efficace, a entraîné une hausse massive de l’usage de ces machines. En effet, s'il faut moins de charbon pour produire une tonne de fonte brute, les profits de l'industrie sidérurgique augmentent. Cela incite les industriels à investir pour augmenter leurs volumes de production et diminuer leurs coûts de revient, entrainant par-là un accroissement de la consommation de charbon et des profits obtenus. En découlent une hausse des dividendes et - en théorie - des salaires, ainsi que de la consommation nette des travailleurs et des actionnaires. La consommation de la ressource plus efficacement utilisée diminue mais pour mieux rebondir.

On a tendance à croire que l’éco-efficience aligne les objectifs économiques de l’entreprise avec les objectifs environnementaux, à savoir réduire l’utilisation des ressources naturelles. Mais ce n’est pas si simple : prenons l’exemple d’une voiture qui consommerait moins d’essence au kilomètre. Un même trajet nous revient moins cher qu’avec un véhicule traditionnel. Par ce que l’on appelle « effet rebond », cela risque d’inciter les gens à rouler davantage, et donc à consommer plus d’essence.

L’exposition propose une installation « phare » mettant en scène ce concept abstrait et contre-intuitif, à travers trois exemples et permettant de le rendre lisible grâce à une vision globale de son principe. Les trois exemples :

  • Améliorations successives de la machine de Watt et l’augmentation de la consommation du charbon aux XVIIIe-XIXe siècles ;

  • Adoption de la technologie des LED et la consommation d’électricité, des années 1960 à aujourd’hui ;

  • Gains d’efficacité du transport aérien et les émissions en CO2, des années 1990 à aujourd’hui.

Expérience de visite

L’idée est de rendre sensible à l'élève le caractère contre-intuitif et non maîtrisable de l’effet rebond), où pour chaque innovation ou décision qui va dans le sens de la recherche d’une efficacité énergétique ou d’une économie de matière, on constate au bout du compte une surconsommation.

L’installation proposée est une expression littérale, physique, monumentale et contemplative de cet effet rebond. Une grande sphère suspendue dans l’espace de visite sera animée de rebonds qui illustreront les corrélations entre les améliorations technologiques et l’augmentation des consommations.

Contrairement aux rebonds physiques qui entrainent une perte d’énergie et une diminution progressive de l’amplitude du mouvement sont simulés des rebonds « paranormaux » où chaque impulsion provoque une amplification du mouvement jusqu’à faire disparaître la sphère du champ de vision de l'élève. Il est ainsi mis en présence d’un phénomène qui ne cesse de s’amplifier, qui échappe, éprouvant ainsi le caractère imprévisible et non maîtrisable du paradoxe de Jevons.