Propos
Quand deux piétons se croisent, ils s’évitent généralement en faisant, chacun, un écart à droite. Ce qui est frappant c’est que cette pratique est un automatisme très ancré en nous, que nous ne nous souvenons pas d’avoir appris et qui ne nécessite aucun échange préalable entre les protagonistes. Pourtant, dans certaines parties du Monde, comme au Japon ou en Inde, la règle est inverse, on s’évite par la gauche. Il s’agit donc d’une préférence culturelle et n’est pas liée à une latéralité d’origine biologique. Comment s’installe-t-elle ? Au niveau individuel, il s’agit d’un apprentissage par renforcement, qui permet d’acquérir, à force d’expériences répétées, un automatisme. Après plusieurs essais, à droite et à gauche, les apprentis-piétons reçoivent un stimulus négatif quand la coordination échoue car l’évènement est un peu désagréable et finissent par adopter la convention générale. À l’échelle de la population, c’est encore plus intéressant. On peut imaginer que les deux pratiques, s’éviter par la droite et s’éviter par la gauche, ont pu cohabiter un temps, mais le bénéfice collectif réel d’être coordonnés a fait émerger une préférence commune, sans qu’aucune autorité centrale n’ait eu à le décider. Et la raison qui a fait basculer toute une population vers l’évitement à gauche ou à droite est peut être marginale mais a suffi à stabiliser le système dans l’un des deux états. Il est à noter cependant que si l’un des piétons est immobile, l’évitement se fait aussi bien par la droite que par la gauche.
Objectif
Attirer l’attention sur l’analyse scientifique complexe d’un phénomène quotidien.
Message
L’évitement par la gauche ou la droite est une préférence commune qui émerge spontanément au sein d’une population et se maintient grâce à l’apprentissage individuel par renforcement.
Scénario
Fresque graphique illustrée pour expliquer ce phénomène, qu’il faudra repérer dans le jeu multimédia voisin, « L’œil du foulologue ».