Propos
Les révolutions et mouvements populaires de la fin du XIXe siècle ont fait émerger l’idée que la foule ne se réduisait pas à une somme d’individus mais possédait une psychologie et des mécanismes propres. Avec ces travaux naissent les concepts d’influence sociale et la question de la diffusion des responsabilités. À cette époque, la foule était considérée comme animale, au sens péjoratif du terme : incontrôlable et dangereuse. Encore aujourd’hui, lors de bousculades meurtrières, le comportement des participants est mis en cause alors qu’ils n’ont bien souvent été que des victimes impuissantes de l’instabilité du système et des forces considérables qui en résultent. Nourri par l’imaginaire cinématographique, nous admettons volontiers que, face à une catastrophe, la panique gagne les témoins et fait primer leur individualisme alors que le phénomène est rare et correspond plutôt à une vigilance émotionnelle utile. Nous réagissons à ce qui semble effrayer les autres car l’alerte peut également nous bénéficier. En réalité, la panique est rare et, en situation d’urgence, l’entraide est fréquente.
Il est indéniable que la foule a un effet sur nous. Elle nous transporte quand nous avons le sentiment de partager, avec elle, une joie, une opinion, un plaisir esthétique. Mais peut-elle totalement nous transformer, nous faire agir en opposition avec nos convictions ? La violence de masse ne sous-entend-elle pas un cadre préalable qui a préparé les esprits ? S’agit-il véritablement d’un phénomène de foule, d’un moment de bascule créé par un déplacement de la norme sociale ?
Scénario
La complexité du propos a nécessité d’aménager, pour ce film, un espace qui invite à la concentration, des assises confortables et des images de grande envergure à l’esthétique soignée. Il s’agit d’un spectacle à part entière : le film est projeté sur deux grands écrans positionnés en angle droit et un vidéomapping sur une installation plastique.