On pourra également proposer une collecte de matériaux (en jouant sur les contrastes : doux, rugueux, fragiles ou pas...) et d'objets cassés que l'on va placer, pour le moment de l'accueil en classe, dans le coin des sciences ou des arts, en proposant aux enfants dans un premier temps d'opérer des tris, par exemple entre ce qui se casse ou ne se casse pas, ce qui se tord, ce qui nous parait fragile ou non.

Cette collecte peut s'opérer à la maison, mais aussi sur le temps scolaire en profitant de l'espace autour de l'école. On mettra en lien ce moment avec les pratiques liées à l'école hors les murs (voir par exemple les Cahiers pédagogiques n°570, Juin 2021, « Apprendre dehors »).

Dans un second temps, on pourra demander aux élèves de construire d'autres objets à partir de ces premiers. Une fois la réalisation achevée, l'élève la présente à la classe, la décrit, éventuellement la nomme, et dit à quoi elle sert. Des liens sont ici à faire avec le domaine 5 des apprentissages, « Explorer le monde » et notamment avec l'exploration de la matière et de la manipulation des objets. Les enfants découvrent les effets de leurs actions sur les matériaux.

On peut imaginer que ces réalisations soient collectées par chaque enfant dans une boite (boite à chaussures...) ou une cagette qui lui serait personnelle. L'enfant pourrait également y glisser des matériaux qui exprimeraient comment il se sent, quelles sont ses émotions, comment il se décrit. Il présente ensuite à la classe ou à l'enseignant en plus petit groupe ce qu'il a mis dans sa boite et pourquoi. On peut demander aussi à l'enfant de choisir une musique pour accompagner sa présentation (écoute au casque de plusieurs musiques, choix personnel, diffusion pendant la présentation). On fait ainsi des liens entre les différentes expressions artistiques.

On pourra alors leur proposer des modèles d'artistes qui utilisent des matériaux recyclés, des objets cassés, dans leurs œuvres, participant au mouvement que l'on appelle aujourd'hui « upcycling ».

- C'est le principe du kintsugi au Japon (présentation filmée ici). Une démarche de fabrication de kinstugi dont vous pouvez vous inspirer est présentée ici. On met notamment l'accent sur le fait que réparer l'objet contribue également à réparer les fragilités de l'être qui en perdant l'objet aimé qui s'est cassé se sent lui-même blessé, voire fracturé.

- Dans une démarche de conscientisation moins psychologique qu'écologique (et peut-être spirituelle au départ pour cet aumônier), le travail de l'artiste strasbourgeois Ambroise Monod peut inspirer. Celui-ci invente en effet en 1969 le mot « récup'art » pour désigner l'art qui donne une seconde vie à des objets recyclés pour ainsi les sublimer (voir le « manifeste » ici)

- Daniel Spoerri, artiste suisse né en Roumanie en 1930, réalise quant à lui, à partir des années 60 également, des « tableaux-pièges » qui mettent en scène un objet récupéré, peut-être pour fixer le moment présent mais également pour dénoncer la société de consommation (par exemple dans l’œuvre visible au Centre Pompidou à Paris, Maquette du menu pour "faim du cnack-wuerstchen" de 1976)

- On pourra aussi faire découvrir aux élèves l’œuvre du sculpteur mulhousien Yves Carrey ou les réalisations de l'américain Jason Mecier (voir pour inspiration la très courte présentation de son travail en images ici). En s'inspirant de son travail, ou de celui de l'anglaise Jane Perkins par exemple on pourrait demander aux enfants de trier des objets par couleur puis de « dessiner » avec, par collage et emboîtements, un animal ou un autre objet.

Ce sera le moment de faire des liens entre les œuvres, et peut-être d'en garder trace dans le cahier des apprentissages de l'élève, dans son cahier de « Parcours artistique et culturel » ou dans l'album collectif créé par la classe. Les réalisations peuvent également rejoindre la cagette ou boite personnelle créée par l'élève à l'occasion de la visite.

Pour les plus grands (GS), en lien avec le domaine 1 des apprentissages, on pourra proposer également soit de faire parler l'objet cassé puis réparé ou sublimé artistiquement, de lui faire raconter son histoire, soit même de rejouer cette histoire. Cela permettra pour eux de travailler le décentrage de soi vers l'autre, et d'explorer le sentiment d'empathie.

Les possibilités d'exploitation de l'exposition dans le cadre des programmes de cycle 1 sont donc, on le voit, extrêmement larges. Il s'agira donc de se fixer des objectifs pédagogiques clairs et de proposer aux enfants un parcours interdisciplinaire riche mais cohérent. N'hésitez pas à nous faire des retours sur vos expérimentations, qu'elles soient inspirées de ces pistes ou créées par vous ! Vous pouvez le faire par mail à l'adresse suivante : melanie.horwitz@u-pec.fr.

Belle visite à vous et à vos élèves !