En amont de la visite, il est important de créer non seulement un « terreau » sur lequel les nouvelles connaissances vont pouvoir venir se greffer mais aussi un horizon d'attente. Il faudra également bien expliciter les objectifs d'apprentissage. Ici, des objectifs linguistiques et langagiers peuvent être visés mais ce sont peut-être surtout des compétences psycho-sociales que l'on va travailler en s'interrogeant sur la notion de fragilité et en mettant en œuvre des stratégies d'entraide.

Bien en amont de la visite, l'enseignant pourrait ainsi travailler autour du lexique des émotions, par exemple en s'appuyant sur l'album La couleur des émotions d'Anna Llenas. On met des mots sur les émotions et l'on apprend que cette expression, cette connaissance de soi, est importante pour « gérer » ses émotions, être plus à l'aise avec les autres et se sentir mieux. Ce premier apprentissage permettra aux enfants de construire plus rapidement le sens de l'exposition et d'entrer en empathie avec Roky et ses amis pour profiter pleinement de la visite.

Avant la visite : faire émerger les représentations des élèves, établir un horizon d'attente pour l'exposition et des liens avec ce que l'on connaît déjà, autour de la notion de la « fragilité ».

Représentations initiales et lexique

L'enseignant pourra par exemple demander aux élèves de nommer des objets fragiles, de dire ce qu'est pour eux « être fragile ». On peut leur demander d'apporter des images d'objets fragiles et mettre des mots sur les différentes « fragilités matérielles » : casser, plier, se tordre, se déchirer, fondre, ne plus fonctionner... On peut décrire ces objets.

L'enseignant peut aussi proposer des objets fragiles à classer (en fonction des matériaux, des formes de fragilité, etc.) lors du temps d'accueil du matin.

Lectures et récits en réseau pour commencer à penser la fragilité

Par ailleurs, on pourra raconter des histoires ou lire des albums illustrant certains aspects de la fragilité, comme les « Trois petits cochons » où la fragilité des matières est mise en scène par la gradation vers des matériaux de construction de plus en plus résistants au souffle du loup. De même, l'histoire du Bonhomme de neige de la « Chanson pour les enfants l'hiver » de Jacques Prévert permet de visualiser une autre « manière » d'être fragile. Cette histoire, comme d'autres, permet de commencer à penser que la fragilité tisse des liens étroits avec le sentiment de sécurité ou d'insécurité et que l'entraide peut être un moyen de pallier les difficultés rencontrées. Pour les plus grands, on pourra essayer de trouver des contraires de ce qui est fragile : fort, solide, robuste, résistant, incassable, costaud... et on peut essayer déjà de trouver des points communs pour se créer une première définition commune.

On pourra peut-être aussi déjà mettre en lumière le fait que la fragilité ne se voit pas toujours, que les apparences sont parfois trompeuses : on pourra ainsi raconter, même si ce n'est pas tout de suite avec les mots de La Fontaine, l'histoire du Chêne et du roseau : qui est le plus fort entre les deux ? qui est au contraire le plus « fragile » ? La fable, même dans une version racontée pour les plus petits, permet de faire le lien entre la fragilité matérielle et celle des hommes. Est-ce qu'une personne peut aussi être fragile ? Comment s'exprime alors cette fragilité ? Les enfants pourront penser à la question du handicap ou à certaines blessures psychiques.

On pourra aussi commencer à penser à comment « apprivoiser » la fragilité, à ce que l'on peut en faire. Le roseau sait s'adapter au souffle du vent en « pliant », les petits cochons choisissent des matériaux de plus en plus robustes (la paille s'envole, le bois peut tomber ou brûler, les briques sont plus solides...) pour construire leur maison, le facteur de « Pirouette Cacahuète » se fait raccommoder le nez « avec du joli fil doré ».

On commence ainsi à construire un réseau de références autour des fragilités.

À la fin de cette étape préparatoire, il peut être bon de synthétiser à nouveau ce qui serait l'objectif de la classe en allant voir cette exposition pour que les élèves y arrivent en adoptant une posture d'enquêteur. Voici des questions que l'on pourrait ainsi poser à la classe :

  • Qu'est-ce que la fragilité ?

  • La fragilité est-elle un défaut ?

  • Comment faire quand on découvre que quelque chose ou quelqu'un est fragile ?

  • De quoi avons-nous besoin quand nous nous sentons « fragile », que nous avons du chagrin ou que nous avons peur ?