Diversité des vulves
Les schémas de vulves sont également absents de la plupart des manuels scolaires. Certains élèves s'en font alors une représentation à travers les films pornos. Or les anatomies qu'on y observe sont complètement stéréotypées et donnent une représentation faussée de la diversité existante. Cette méconnaissance est très anxiogène et source de nombreux complexes, dont témoigne notamment la grande augmentation des labioplasties. D'après une étude menée par Essity Intimate Survey en 2018, sur 1 033 femmes, 62 % ne savent pas définir correctement une vulve tandis que près de la moitié complexe sur cette partie de leur corps.
C'est pourquoi il est important de présenter à la fois un schéma type de vulves aux élèves, et dans le cadre de l'éducation à la sexualité dans lequel s'inscrivent les cours de SVT, de rendre compte de la diversité existante au moyen d'images.
La Vulva Gallery propose sur sa plateforme éducative des portraits de vulves illustrés :
Une œuvre de Jamie Mc Cartney, fruit de 5 ans de travail durant lesquels il a réalisé la sculpture en plâtre, sur modèle, de la vulve de 400 personnes (cis comme trans, de 18 à 76 ans). Les sculptures sont regroupées en 10 panneaux.

Remarque : le titre de l'œuvre est mal choisi dans la mesure où il n'est absolument pas question de vagin ici.
Diversité des organes génitaux
L'anatomie des organes génitaux est également souvent représentée de façon binaire : les organes féminins d'une part, les organes masculins, d'autre part. Or il existe des personnes intersexuées c'est-à-dire n'appartenant à aucune des 2 catégories de sexe biologique standard et qui ont pourtant une sexualité.
L'ONU définit les personnes intersexes comme des personnes nées avec des caractères sexuels (génitaux, gonadiques ou chromosomiques) qui ne correspondent pas aux définitions binaires types des corps masculins ou féminins.
Si l’Organisation Mondiale de la Santé range toujours les situations d’intersexuation dans la catégorie des « troubles du développement sexuel », alimentant le sentiment de légitimité à intervenir sur des corps intersexes, l’Organisation internationale intersexe Europe rappelle pourtant sur son site InterVisibility : « Nos corps et nos caractéristiques sexuelles sont des variations saines et naturelles des sexes humains. » Cela signifie qu’il ne s’agit pas de pathologies. Les personnes intersexes ne sont pas malades, leur situation ne requiert donc pas d’intervention médicale.
Être intersexe est bien plus répandu qu’on ne le pense. Selon toute probabilité, vous en avez dans votre établissement puisqu'on estime à 2 % la proportion de personnes intersexes dans la population globale. Cela équivaut au pourcentage de personnes rousses en Europe.
En tant que personnel éducatif, il est donc extrêmement important de créer un espace où les jeunes intersexes peuvent s’exprimer sans crainte – et notamment poser des questions, par exemple via des urnes libres. Pour cela, créer un climat de confiance passe par remettre en question les programmes et les ressources sur lesquels nous nous appuyons.
L’invisibilisation des variations intersexes (présentées comme binaires et bien délimités, complémentaires et en miroir est d’une violence extrême pour les personnes qui ne rentrent pas dans les statistiques, intersexes ou non. Il est utile de préciser que la binarité et la normativité passent par les représentations normées des organes génitaux, mais pas seulement : il s’agit aussi de toutes les caractérisations des caractères sexuels secondaires (pilosité, poitrine, voix…), de l’évocation de normes concernant d’autres effets corporels : par exemple les règles, leur existence, leur durée, leur régularité, etc.
Accès direct à la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=8aM0mWvEdvo