Messages et objectifs principaux
Offrir une méta-lecture des transformations des modes d’organisation du travail et des métamorphoses des visages de l’industrie tout en montrant la coexistence et le foisonnement des modes de production.
Représenter la présence humaine dans le système industriel.
Mettre l’accent sur l’impact du numérique dans la reconfiguration du couplage Homme/Machine.
Propos
L’homme fabrique, depuis toujours, des objets qui lui permettent de façonner son environnement et d’organiser sa survie. Partout sur la planète les hommes s’agrègent et s’organisent autour de la production d’objets, de services, de systèmes, de réseaux. Les différents modes de production et d’organisation du travail ont évolué dans le temps, mais continuent de coexister et se déplacent même d’un secteur à l’autre. L’industrie structure l’organisation du travail humain et la façon dont l’homme fait société. En se développant, elle contribue à faire vivre les hommes et les menace aussi, dans leurs corps et dans leur environnement.
À travers l’évolution des formes d’organisation du travail et de la relation entre l’homme et la machine-outil, nous pouvons porter un regard sur les métamorphoses de l’industrie.
La notion d'homo faber, conceptualisée par Bergson, fait référence à l'Homme en tant qu'être susceptible de fabriquer des outils : « Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que l'histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique constante de l'homme et de l'intelligence, nous ne dirions peut-être pas homo sapiens, mais homo faber. En définitive, l'intelligence, envisagée dans ce qui paraît en être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication ».
Par essence, l'homo faber travaille à produire, qu’'il s'agisse d'outils, d'objets ou de machines. Ce couplage homme-machine caractérise une étape de l’industrialisation manufacturière : de nouvelles formes d’organisation du travail apparaissent, les lieux de production se métamorphosent et se déplacent, les métiers évoluent, le corps de l'ouvrier est automatisé. Ce processus de reconfiguration du travail et du rapport aux objets tend à se complexifier par l’entremise du numérique. Cette fusion qui s'opère entre l'homme et la machine donne naissance au faber man. Les nouvelles technologies de production, la diffusion des technologies de l'information et de la communication et l’automatisation plus forte de la chaîne de production sont au cœur de la course à l’efficacité productive. Nous ne faisons aujourd’hui que quitter une machine pour en retrouver une autre : voiture, ordinateur, téléphone portable, télévision...
Une nouvelle vague d’inquiétudes et de critiques s’expriment aujourd’hui avec la généralisation de « l'ubérisation ». Avec l’augmentation des capacités de calculs des ordinateurs, le traitement des données de masse (big data), le perfectionnement des logiciels de machine learning, la part des emplois menacés par l’automatisation est ainsi de plus en plus importante. Surtout, elle ne se limite plus aux travaux manuels mais s’étend à des tâches plus intellectuelles. Les liens entre ces équipements susceptibles de faire le travail de l’homme sont-ils des liens de substitutions (faber man face à homo faber) ou de complémentarité (faber man et homo faber) ?
Expérience de visite
Séquence composée de trois éléments mêlant objets, audiovisuels et témoignages, et formant une installation scénographique et muséographique cohérente
Avant de pénétrer dans cette séquence, l'élève aperçoit de loin la partie supérieure d’un écran géant, aux dimensions architecturales, sur lequel sont projetées à un rythme lent des images d’un chevalement, puis d’une cheminée, puis d’une antenne 5G très légèrement animées. En s’approchant il découvre la séquence consacrée au travail, composée d’une installation suspendue de vêtements de travail usagés, d’un établi présentant des objets/outils et la partie inférieure de l’écran géant qui présente des extraits de documentaires d’auteurs. Il fait alors face à des hommes au travail, dans différents environnements.